Une histoire écrite avec la lumière sans mots mais pas sans paroles.
J’ai posé mon regard sur des femmes et des hommes, j’ai figé leurs présences et capturé leurs moments de travail et de vie à l’université.
Je me suis approchée, j’ai éclairé leur visage dans les gestes de leur quotidien. Nous nous sommes apprivoisés pour ne trouver que l’essentiel : l’image finale, cette tentative désespérée de révéler cette part d’invisible que nous portons en nous.
Les photographies proposent une mise en scène ou l’expression d’une vérité : image documentaire ou image de fiction, elles démocratisent la représentation de l’autre, la restitution d’une réalité intérieure.L’image n’est pas seulement illustrative par son aptitude à saisir des fragments du réel, elle est aussi plastique qui offre un imaginaire.
Elle ne se définit plus uniquement comme médium, enregistrement de l’espace et du temps mais également par rapport à une démarche, une pensée.
Roland Barthes y voit un rapport de forces et qui ne peut aboutir qu’à une image-fiction : « la photo-portrait est un champ clos de forces.
Quatre imaginaires s’y croisent, s’y affrontent, s’y déforment.
Devant l’objectif je suis à la fois : celui que je me crois, celui que je
voudrais qu’on me croie, celui que le photographe me croit, et celui
dont il se sert pour exhiber son art ».
L’image, par son caractère intermédiaire, spéculaire, par la distance et le dédoublement qu’elle institue, apparaît bien comme un véhicule privilégié d’un moment artistique particulier.
Une vision, une plénitude, une tentative pour construire et projeter un monde, aujourd’hui celui de l’université au travail.
Demain, les portraits se liront au « présent », la photographie a cette faculté de réanimer tout personnage dont on regardera l’image.
Je remercie toutes les personnes photographiées d’avoir accepté cette belle rencontre et l’université de Rouen de m’avoir fait confiance.
Isabelle Lebon / Photographe